Avant de se dire au revoir, le moment est venu de faire quelques bilans ! Pour ce deuxième volet, intéressons-nous à ce Graal que représente le maillot jaune pour Valverde...
Le Tour est comme une obsession chez Valverde. L'édition 2012 tout juste terminée, on apprend que le Tour 2013 sera de nouveau son principal objectif la saison prochaine (source). L'option de découvrir le Giro et de doubler ensuite avec la Vuelta est donc a priori écartée, une nouvelle fois. Le Tour obsède Valverde, il le fascine, le fait rêver. Qu'importe ses déconvenues, ses déceptions sur la Grande Boucle ; il ne retient que ses grandes joies vécues sur la course française, et plus encore, il conserve apparemment intacte son ambition de podium, son rêve de maillot jaune.
Le Tour 2013 sera plus montagneux, avec moins de chrono (un contre-la-montre par équipe de 20 km et un autre individuel, c'est tout). Il comportera plus d'arrivées au sommet (Prudhomme rêve de voir Quintana se révéler l'an prochain). Le parcours sera donc plus favorable à Valverde. Peut-il pour autant viser le maillot jaune ? A-t-il vraiment les moyens de lutter contre Wiggins, Froome, Contador, A.Schleck...?
Je pense que cette année, Valverde, au mieux (c'est-à-dire au meilleur niveau et sans pépins) aurait pu être au niveau de Nibali (dont le profil est similaire à celui d'Alejandro, et dont le Tour a été très réussi, puisqu'il a atteint le podium et a tout donné, en attaquant quand il le pouvait) ou peut-être de façon plus réaliste de Van den Broeck.
Le problème du Tour, c'est que les "si" ne marchent pas. Avec des "si", on pourrait mettre Paris en bouteille, Paris et ses Champs-Elysées, son podium final...Alors oui, si Valverde n'avait pas eu son problème de genou en 2005, s'il n'avait pas chuté au début de l'épreuve en 2006, s'il n'avait pas attrapé un virus en 2007, s'il ne s'était pas blessé en 2008, et s'il n'avait pas connu une telle poisse en première semaine cette année, oui il aurait pu pourquoi pas atteindre le podium. Mais si, justement, on prenait le problème dans l'autre sens ? Et si tout simplement, cette succesion de "si" montrait qu'il n'était pas fait pour le général du Tour ? Je n'affirme rien, je pose l'hypothèse. Cette hypothèse, elle se fonde sur un constat : il connaît toujours (au moins) un pépin sur le Tour qui l'empêche d'être au meilleur niveau.
Finalement, pour moi il ne s'agit pas tant d'un problème de talent, de niveau (mis à part pour les chronos) : Valverde a un niveau similaire à celui de S.Sanchez (4e en 2010) et sans doute pas éloigné de celui de Nibali (3e) cette année. Ou du moins, il peut retrouver ce niveau en 2013 (c'est vrai que cette année, il était encore irrégulier, mais c'est normal pour un retour) : ses bonnes perfs dans les Pyrénées cette année tendent à le montrer. Autrement dit, il a eu et a toujours les jambes pour un podium (en revanche, le maillot jaune me semble inaccessible, sauf dans les années de transition comme 2006, qui était peut-être une opportunité unique). Mais le potentiel ne se concrétise pas toujours. Dans le cas de Valverde, la première semaine lui est souvent fatale (et quand ce n'est pas elle, c'est une météo infernale qui l'affaiblit) ; trop souvent. Comme Gesink, il serait ce grimpeur qui n'arriverait pas à surmonter tous les obstacles, tous les pièges, éviter toutes les chutes et autres pépins de ces premiers jours de tous les dangers, où comme l'énonce le dicton, on ne peut pas gagner le Tour mais on peut le perdre.
D'où les 2 idées suivantes :
1) Continuer à viser le Tour, mais en partant avec l'objectif de gagner des étapes et se mettre un peu moins de pression pour le maillot jaune. L'an prochain, des trois étapes disputées en Corse, une seule devrait être destinée aux sprinters ; dès le début du Tour, Alejandro aura donc a priori deux occasions de batailler pour les étapes. S'il voit au fil de la course qu'il est toujours en lice pour une bonne place au général, il adapterait alors son attitude en conséquence. Mais vouloir à tout prix le podium risque de continuer à l'exposer à des déceptions, comme sur le Tour qui vient de s'achever, alors qu'en soi, si l'on oublie son objectif de départ, il a remporté une magnifique étape pyrénéenne et fait un top 20 au général, ce qui est déjà très bien pour un coureur revenant de suspension. Dans une interview à L'Equipe pendant l'épreuve, il a confié ceci : "J'ai beaucoup donné au cyclisme. En retour, il m'a beaucoup apporté, des joies mais aussi...beaucoup de peines". Peut-être se met-il tout simplement trop de pression pour le général du Tour.
2) S'essayer à Giro-Vuelta ou même simplement faire une saison avec un seul Grand Tour, la Vuelta. Je suis convaincu que Valverde a encore (au moins) un Grand Tour dans les jambes, mais probablement pas le Tour. Sur la Grande Boucle, il peut nous faire vibrer, comme il l'a fait à Peyragudes ou avant à Plumelec, mais viser le maillot jaune, je n'y crois pas vraiment. En revanche, tout comme Basso a remporté le Giro la seconde année de son retour, je pense que Valverde peut s'imposer à nouveau sur la Vuelta, où il y a moins de stress, de tension, ce qui lui correspond mieux, en définitive. Se fixer cet objectif a l'avantage, en outre, de pouvoir se permettre de faire une grande campagne de classiques au printemps, de prendre le temps de récupérer l'été (il ne disputerait que le Dauphiné et le Championnat d'Espagne, fin juin), et de faire une belle fin de saison, avec la Vuelta, le Mondial et la Lombardie.