Le principe : Je vous propose de revivre les 10 meilleurs moments de la première partie de carrière de Valverde, choisis par moi-même (de façon subjective, obligatoirement), dans l'ordre décroissant, pour préserver le suspens ...!
Aujourd'hui, le 6e meilleur moment : la 7e étape du Tour d'Espagne 2006
Après une saison 2005 très prometteuse, où la nouvelle perle engagée par Eusebio Unzue se paye le luxe, sur la plus grande épreuve du monde, de devancer le "Boss" Armstrong en haut de la station de Courchevel devant les téléspectateurs du monde entier, l'année 2006 voit Valverde atteindre les sommets. En avril, Alejandro s'est affirmé comme le meilleur puncheur du peloton, en réalisant le doublé Flèche Wallonne - Liège Bastogne Liège. En juillet, candidat sérieux au maillot jaune, il chute et abandonne en tout début d'épreuve, et doit reporter ses (grandes) ambitions sur la Vuelta, qu'il n'a encore jamais remporté malgré de beaux accessits (podium en 2003, top 5 en 2004). Il entame donc le Tour d'Espagne avec la gniac, en favori...
La 5e étape, qui constitue la première arrivée au sommet, consacre Di Luca ; Valverde n'est pas encore au mieux (6e à 22") mais rien d'inquiétant pour autant - il manque simplement encore un peu de compétition et sa forme devrait aller crescendo. Toutefois, l'intéressé se montre assez agacé à l'arrivée de l'étape : «Cela ne s'est pas passé aussi bien que je l'espérais. La montée a été très dure». Il est vrai que Brajkovic et Kashechkin, deux de ses principaux rivaux, ont semblé plus en jambes et ont terminé devant lui. Il va donc s'agir de se rassurer (et si possible de rattraper les secondes perdues) au prochain rendez-vous important, le sur-lendemain à l'occasion de l'arrivée à El Morredero...
L'objectif est clair : remontrer à tous qui est le patron. Mercredi, Valverde a montré quelques faiblesses ; ce vendredi, il doit répliquer et affirmer sa domination sur ses rivaux. Prendre le maillot de oro, pas nécessairement, mais gagner, oui. Ou tout du moins, imposer sa marque, maîtriser cette Vuelta qui ne doit pas lui échapper. Tout va se jouer dans la montée finale (et unique de l'étape), un col de 1ere catégorie dont le sommet pointe à 1750 mètres d'altitude. La Caisse d'Epargne prend les choses en mains dès le pied du col, et rapidement, Menchov et Di Luca craquent. L'échappée matinale, quant à elle, est repris sans soucis dans l'ascension. Peu à peu, le peloton se réduit et devient ce qu'on pourrait appeller un "groupe des favoris". Toutefois, sommet se rapproche sans qu'aucun favori n'ai tenté quoi que ce soit - attendent-ils tous qu'Alejandro les croque au sprint ? Non ! Vinokourov décide de démarrer. Une attaque qui fait mouche ; rapidement, le fugitif prend du champs ("Lorsque Vinokourov est sorti dans les derniers kilomètres, je ne me suis pas affolé, racontera ensuite Alejandro. J’ai préféré le garder en vue et rouler à mon rythme, car je savais que je pouvais revenir sur lui dans les derniers mètres"). Derrière, dans le groupe des favoris, Valverde fait le travail, mais personne ne semble vouloir ou pouvoir y aller. La flamme rouge est passée, on arrive aux 800m, 600m, 400m...la ligne se rapproche dangereusement, et la caméra cadre sur le kazakh...Le groupe Valverde aurait abdiqué, indique le commentateur : "maintenant Vinokourov tient la victoire" affirme-t-il. Tiens tiens, ça ne vous rappelle rien ? La Pandera sur la Vuelta 2003, bien sûr ! Et exactement comme là-bas, alors que tout semblait joué d'avance, se produit un extraordinaire retournement de situation...Clameur dans le public ; stupeur des commentateurs ; voilà Valverde au sortir du virage des 200m qui déboule !! "Valverde arrive extrêmement fort, à La Pandera il a gagné comme cela, à La Pandera il a gagné comme cela ! Changement de rythme d'Alejandro qui arrive comme "una Bala" !". Vino pioche, il n'en peut plus, alors que la fusée Valverde est lancée à pleine allure et le dépasse à toute vitesse : quel contraste, quelle différence de vitesse, de style ! "Quelle classe, quelle classe !" s'époumone le commentateur. En 10 secondes, la situation s'est complètement renversée : "impressionnant Alejandro Valverde" conclu le commentateur, encore abasourdi pour la performance de l'Espagnol, alors que celui-ci lève le bras sur la ligne, dominateur, vêtu de son maillot de leader du classement Pro-Tour. Non seulement Alejandro a parfaitement rempli sa mission du jour - le boss, c'est bien lui ! - mais il a même fait plus : il vient de remporter une des plus belles victoires de sa carrière en Grands Tours, après un final magistral du même genre que La Pandera, trois ans plus tôt sur la même épreuve, grâce à une explosivité hors-pair combinée à une lucidité impressionnante dans le final, en quelque sorte sa marque de fabrique qu'il appliquera également en 2008 à Plumelec, sur le Tour de France...entre autre.
Le final en vidéo (attaque de Vinokourov à 50")