Le principe : Alejandro ayant presque neufs saisons professionnelles derrière lui, je vous propose de revivre les 10 meilleurs moments de sa première partie de carrière, choisis par moi-même (de façon subjective, obligatoirement), dans l'ordre décroissant, pour préserver le suspens ...!
Aujourd'hui, le 2e meilleur moment : Liège Bastogne Liège 2008
Mercredi 16 avril 2008, au matin. Voilà plus d'un an et demi que Valverde n'a plus levé les bras en course. Il a certes remporté l'an passé et au début de l'année des classements généraux (Tour de Murcie, de Valence) et des chronos, mais sa dernière victoire sur une course en ligne remonte à septembre 2006 (c'était sur une étape de la Vuelta)...il y a bientôt 600 jours ! Une éternité pour celui qu'on surnomme l'Imbatido. Samedi dernier, il s'est d'ailleurs fait battre au sprint, en tête à tête, par Cunego sur la Klasika Primavera : un affront qui a provoqué de multiples réactions, pas toutes positives, chez ses supporters (relisez les commentaires de cet article...). Et pour enfoncer le clou, notons que parmi ses 5 derniers succès, 4 ont été acquis dans ce qui est censé être son point faible : le contre-la-montre. Rien ne va plus, décidément !
C'est pour conjurer ce mauvais sort qu'Eusebio Unzue aligne Valverde sur Paris/Camembert. Une épreuve de Coupe de France pour le meilleur coureur du monde, le contraste peut sembler saisissant. Mais il faut ce qu'il faut pour refaire du champion murcian un gagneur ! Nous sommes le 16 avril 2008, et ce jour marque la fin de la période de disette de l'Espagnol. Valverde s'impose très nettement, devançant au sprint un peloton d'une quarantaine de coureurs. Explosion de joie inhabituelle du vainqueur sur la ligne. Les suiveurs s'interrogent, les supporters sourient : eux comprennent que le faible plateau importe peu, car ce qui compte, c'est que leur champion soit relancé. A 5 jours de l'Amstel Gold Race, il était moins une...
Mais la tête ne suffit pas pour gagner. A l'Amstel, Alejandro, dans le sprint pour la gagne, laisse filer la victoire à 300m de la ligne et échoue à la 3e place. A la Flèche, le froid et la pluie le tétanise et le prive du top 20. Reste Liège. Pas un objectif, assure Alejandro, qui ne veut pas se mettre pas la pression. L'objectif, c'est le Tour, en juillet. Les classiques, ce n'est que du bonus. Pour preuve, il n'a pas pris part au Tour du Pays Basque, passage quasi-obligé des candidats à la victoire aux ardennaises...
Dimanche 27 avril, au soir. Mettons-nous d'accord : on ne va pas disserter éternellement pour savoir si oui, ou non, Alejandro était le plus fort sur ce Liège Bastogne Liège. F.Schleck dis que oui, Valverde dit que c'était F.Schleck. Une chose est sûr : les perdants ont toujours torts. Or le gagnant, aujourd'hui, c'est Valverde. Et quel gagnant ! ...
Ce n'était pourtant pas gagné d'avance. On a bien cru que tout était perdu au début de le côte de Roche aux Faucons, à 25 km de l'arrivée. En tête, venaient de se regrouper les frères Schleck, Rebellin et J. Rodriguez, bien partis pour faire de ce groupe la bonne échappée. Nulle trace de Valverde à la télévision ; gloups...Ah si ! Il est là ! Pas trop loin derrière, avec Cunego et Evans. Maigre satisfaction, car il était évident que ce trio allait devenir le groupe des battus. Coup de bol, Alejandro se fit la même réflexion, et coup de force, il réussi, dans la seconde partie de la côte, à s'extraire du trio pour revenir sur le groupe de tête. Rien que ça, il fallait le faire ! Bon, ne nous excitons pas trop tout de même. Rodriguez, précieux soutien d'Alejandro, décroche du groupe. Mince. Et voilà, alors que le groupe arrive au pied de la côte de Saint Nicolas, qu'A.Schleck se met à accélérer ; bon sang, que faire ?! Rien, à part rouler, tout simplement. Après avoir pris un peu d'avance, voilà Schleck qui se fatigue, justement. Et le voilà repris puis dépassé, parfait ! Ne reste donc en tête, avec Valverde, que F.Schleck et Rebellin. Le danger, vu le coup de pédale des deux coureurs, se situe plutôt du côté du premier, qui pourrait être tenté d'attaquer dans le final. Alejandro, en danseuse, le surveille nerveusement, à l'affut du moindre démarrage. Mais la ligne se rapproche, le groupe arrive à la flamme rouge, et rien ne vient. La course va se jouer au sprint ! Il ne s'agit pas de se planter : vu la situation, Alejandro est le grand favori, mais à la Klasika Primavera, deux semaines avant, il s'était loupé...On passe le dernier virage, Valverde tire la langue...à peine le temps de croiser les doigts que ça y est, Alejandro lance le sprint !! Aïe, on est loin de la ligne, aux 300m environ ! N'est-ce pas un peu tôt ? Petit moment de tension...avant de s'apercevoir assez vite que personne n'est capable de remonter le Murcian, et que celui-ci va s'imposer, magistralement, à Ans. Hurlements de joie, du vainqueur à l'arrivée, du staff derrière la ligne, d'Unzue dans l'oreillette, des supporters devant leur télévision. C'est géant, bien plus fort que la première fois !
Un succès magnifique. Très fort en émotion : cela faisait deux ans qu'Alejandro n'avait plus remporté de très grande course...depuis son premier Liège Bastogne Liège, en fait. Une nouvelle preuve, s'il en est, que la Doyenne est bel et bien "sa" course. Et qu'il la gagnera un jour une troisième fois, je vous en fais le pari !
Vidéo des 2 derniers km :