La Vuelta s'est arrêté hier chez Valverde, à Murcie. L'émission El Larguero, de la radio espagnole Cadena Ser, en a profité pour l'interviewer sur ses ondes hier soir, et la télévision espagnole Rtve pour lui rendre visite, à son domicile. Alejandro a par ailleurs donné récemment deux interviews, à Marca et deia.com.
Plutôt que de traduire et publier tous ces entretiens un par un, j'ai préféré faire une synthèse. Où l'on découvre un Valverde serein, apaisé, qui profite de la vie de famille tout en continuant à s'entrainer dur pour pouvoir revenir aussi fort qu'avant.
Les photos de cet article ont été prises lors d'un débat sur la sécurité en cyclisme organisé mercredi à Murcie, où Valverde a participé, et m'ont été envoyé par Juan Antonio Gonzalez.
● LE PRÉSENT
La Vuelta : Alejandro suit la Vuelta à télévision et dit d'ailleurs "ne pas pouvoir s'arrêter de suivre le cyclisme". Hier, il a assisté à l'arrivée à Murcie et en a profité pour saluer ses compagnons de la Caisse d'Epargne, avec qui il continue de correspondre (il dit d'ailleurs : "de l'équipe pas mal de gens m'appellent, pas seulement des coureurs, mais aussi des personnes du staff, les mécaniciens...Ce soutien est important pour passer ce moment").
"Le plus dur est de voir que la Vuelta arrive ici, de se souvenir que l'année passé, au même endroit, je portais le maillot de leader, ce qui avait été un moment fantastique. Je ressens un peu d'impuissance. J'aimerais être ici [en tant que coureur], surtout vu comment s'est déroulé l'étape [arrivée en côte, victoire d'Anton]. D'ailleurs, au vu des caractéristiques des étapes précédentes, je pense que j'aurais pu arriver à Murcie avec le maillot rojo [rouge] de leader. Cela aurait été incroyable : j'aurais été le dernier à porter le maillot de oro, et un des premiers à porter le maillot rojo..."
La suspension : "Il y a eu tant d'années de persécution - quatre ou cinq - qu'au bout d'un moment j'allais au lit en me demandant ce qu'il allait se passer le lendemain. J'avais toujours la même question en tête : "Que se passera-t-il demain ?". Le temps passait, les jours, les mois, et rien n'arrivait...Mais la persécution était telle que je m'étais fait à l'idée qu'ils allait me sanctionner quoi qu'il arrive - comme a dit une fois Pedro (Delgado), que tout n'était qu'une question de temps. Clairement, j'ai vécu l'annonce de ma suspension comme une libération. C'est fini, je ne me sens plus persécuté. Mais je suis conscient que je suis peut-être privé des meilleurs années de ma carrière. "
La vie sans compétition : "Trois mois ont déjà passés et en vérité je ne les ai presque pas vu passer. C'est une vie différente de celle d'avant, mais je m'adapte. Bien sûr, j'aimerais mieux pouvoir courir, mais les choses sont ainsi et je suis content. A l'entrainement, je suis avec les mêmes compagnons de toujours, et mes sensations sont bonnes. Hier j'ai fais 140 km par exemple. Ma forme physique est la même qu'avant la suspension".
"Toute ma vie, depuis mes 9 ans, je n'avais qu'une obsession : courir. Je n'ai jamais profité de la plage ou d'un voyage tranquille en famille...Maintenant c'est différent. J'ai découvert qu'il y a une autre vie. Il y a cinq ans j'ai acheté une maison sur la côte, à Alicante, et durant tout ce temps je n'ai dormi là bas que deux fois. Eh bien cet été j'y ai passé un mois et demi avec la famille, tout en continuant de m'entrainer bien entendu. J'ai vraiment envie de courir à nouveau, mais quand je dis que je découvre un autre type de vie et qu'il me plait, ce que je pense réellement c'est que dans tout malheurs il y a quelque chose de bon. Dans mon malheur, j'ai trouvé un équilibre, quelque chose sur lequel je peux m'appuyer".
● SON RETOUR
Ses plans : Valverde annonce deux grands objectifs : le Tour et le Mondial. Mais une troisième course revient de plus en plus dans ses propos : le Giro. "C'est une course qui peut me convenir. Un jour j'aimerais la courir, et pourquoi pas la remporter. De plus, ce sont les italiens qui m'ont le plus "utilisé" dans mon cas, et bien qu'ils ne pensent pas tous la même chose, ce serait une occasion de les agacer" (l'expression exacte est "darle a alguno en el morro").
Sa future équipe : Valverde répète par ailleurs son envie de rejoindre Movistar à son retour : "Je termine mon contrat et ensuite j'écouterai les propositions des autres équipes, mais il est clair que je dois respecter Eusebio (Unzue) parce qu'il s'est très bien comporté avec moi. C'est mon option n°1. Il est d'ailleurs possible que je participe aux stages de l'équipe en 2011. Cela peut être bon de me sentir parti intégrante de l'équipe, sentir que je ne suis pas à l'écart. Ce serait, dans ce cas là, comme si j'étais blessé et que je ne pouvais pas courir".
Alberto Contador : "Alberto et moi formerions une paire parfaite. Nous sommes compatibles et cela me plairait de l'aider à gagner le Tour. J'ai déjà démontré d'autres fois que je sais me soumettre au travail d'un leader et avec Contador je le referais. Lui pourrait se centrer sur le Tour, et moi sur d'autres courses, comme la Vuelta, les classiques, le Mondial, le Giro...".
--> Regarder le reportage de Rtve.es (je vous le recommande !)
--> Ecouter l'interview de Cadena Ser (en espagnol)