Voici une interview d'Alejandro réalisé en juillet par le site CyclingTips. J'ai enlevé quelques questions à propos du dopage (il y a en a beaucoup dans l'interview) - non par censure (!), simplement parce qu'elles sont un peu lourdes, à mon sens . Pour moi, s'il fallait trouver un point positif à la suspension de Valverde, c'est bien le fait qu'il est désormais débarrassé de tout problème de dopage. Alors pourquoi continuer à en parler ? Bien sûr, je sais comment se passeront les premiers mois du retour d'Alejandro : comme pour Basso, les médias parleront de lui comme du "retour du coureur de l'affaire Puerto", etc. Mais cela cessera au bout d'un moment, et l'on ne parlera bientôt plus que de ses nouveaux succès (comme l'on parle désormais de Basso comme "le vainqueur du dernier Giro"). Mais revenons-en à nos moutons.
(les questions sont posés par des internautes ; j'ai souligné les déclarations d'Alejandro les plus intéressantes à mon sens)
La 1ere étape du Tour 2008 à Plumelec est une des plus belles qui m'ait été donné de voir. Avez-vous eu peur ce jour-là de ne pas pouvoir reprendre Kirchen à 300 mètres de la ligne ?
_C'est une des plus belles victoires de ma carrière, également parce qu'elle m'a permis de porter le maillot jaune. Je me suis sentis très bien durant toute l'étape et je connaissais le final par coeur. Je savais où je devais attaquer et aussi que Kirchen l'avait fait trop tôt.
Quand avez-vous réalisé pour la première fois que vous aviez les qualités pour être professionnel ?
_J'ai toujours été attiré par ce sport. J'ai commencé à faire de l'athlétisme à l'école mais mon père et mon oncle était de vrais fans de cyclisme qui montaient sur leur vélo chaque week-end (mon père courait en amateur). Du coup, j'ai décidé de faire comme eux et je roulais avec eux.
J'ai commencé la compétition à 9 ans. J'ai terminé à la deuxième place de ma première course et j'ai gagné la suivante. Depuis ce jour, je n'ai jamais arrêté de gagner. Je savais que je voulais devenir coureur pro mais bien sûr je savais aussi qu'il y avait du chemin à faire pour que mon rêve devienne réalité !
Quel influence a Neil Stephens [un des directeurs sportifs, australien comme le site CyclingTips] au sein de l'équipe Caisse d'Epargne ?
_C'est un bon directeur sportif, très expérimenté. Il est très organisé et professionnel. C'est une qualité importante pour diriger une équipe. Il a d'ailleurs été lui-même coureur donc il sait aussi ce que vous pensez, comment vous vous sentez. Il est très humain et c'est également important pour motiver les coureurs.
Comment avez-vous fait pour avoir une position aussi "parfaite" sur le vélo ?
_Je ne sais pas si elle est parfaite mais j'ai beaucoup travaillé pour qu'elle le soit. C'est vrai que je me sens très bien sur le vélo mais je suis aussi très perfectionniste et j'essaye sans cesse d'améliorer ma position surtout en contre-la-montre.
Vous êtes proche de Rebellin selon moi dans le sens où vous avez l'habitude de ne faire qu'une seule attaque, mais qui est très efficace. Comment choisissez-vous le moment de vos attaques ?
_Les sensations en course jouent bien sûr beaucoup, mais il est aussi important d'étudier tous les autres paramètres. J'aime regarder mes adversaires pour vérifier leur état de fraîcheur. Evidemment j'étudie aussi la route avant la course. Il est très important de savoir comment et quand vous devriez attaquer mais comme je l'ai dis la plupart du temps c'est une question de feeling : je sais simplement que c'est le bon moment pour attaquer.
Comment vous entrainez-vous pour avoir de telles capacités en montagne tout en restant bon sprinter ?
_Je suis très chanceux car je n'ai pas besoin de beaucoup m'entrainer pour être en bonne forme. Je ne suis pas un pur grimpeur mais je peux me débrouiller avec la plupart des ascensions difficiles. J'ai l'habitude de beaucoup m'entrainer en altitude en Sierra Nevada. C'est très important, surtout en vue de préparer un Grand Tour. C'est vrai que je suis aussi très rapide. Au début de ma carrière, j'étais aussi très rapide dans les sprints massifs mais en vieillissant, avec maintenant trois enfants, je préfère ne plus prendre trop de risques dans les sprints massifs.
Si vous devez purger les deux ans de suspension en entier, comment pensez-vous que cette période sans compétition affectera votre potentiel de prétendant au Tour de France ?
_Je continue de m'entrainer chaque jour exactement de la même façon qu'avant quand je pouvais courir. J'ai aussi gardé exactement la même façon de vivre ; je fais attention à ce que je mange. En fait ma vie est exactement la même qu'avant excepter le fait que je ne court pas. Donc je m'attends à n'avoir besoin que de peu de courses pour retrouver mon rythme de compétition.
Que pensez-vous des coureurs qui rendent publiques leurs valeurs (bilans sanguins, VO2 max, capteurs de puissance, etc.) ? Si un coureur n'a rien à cacher, il devrait présenter ces valeurs sans craintes.
_Je crois que chacun est libre de faire ce qu'il veut avec ses valeurs, même les publier dans les médias s'il le désire. Néanmoins je crois qu'il devrait être suffisant que l'UCI connaisse ses valeurs. Je crois qu'il serait mieux pour le cyclisme et les jeunes coureurs de lire à propos de cyclisme et de résultats sportifs plutôt que de lire des valeurs sanguines. Néanmoins je n'ai rien à cacher et si cela intéresse les gens, pourquoi pas.
Alejandro, qu'est ce qui vous a fait garder la motivation durant les moments difficiles, c'est à dire les 12 derniers mois ?
_Le cyclisme est toute ma vie. J'adore vraiment ce sport. Je ne peux pas m'imaginer sans rouler sur mon vélo. Evidemment parfois ce n'était pas simple d'aller s'entrainer dur, parce que j'avais l'impression d'avoir un poids de 20 kg au-dessus de moi mais dès que j'étais sur mon vélo j'oubliais tout le reste.
Je peux fermer les yeux et sentir la sensation d'être libre, simplement en enfourchant mon vélo. Pourriez-vous nous faire partager la sensation de ce que simplement monter sur vélo vous procure ?
_Je comprend tout-à-fait vos sensations parce que je ressent exactement la même chose lorsque je monte sur mon vélo. En pédalant j'oublie tout le reste. Rien n'existe alors plus, mais c'est un sentiment merveilleux.
--> Lire l'interview en anglais sur CyclingTips
Le blog continuera d'être au ralenti durant une semaine puis reprendra son activité normale, avec en particulier une autre interview de Valverde, publié dans le quotidien murcian La Verdad. A noter qu'Alejandro participera ce dimanche à la Marche Pedro Delgado, à Ségovie, en compagnie de près de 2000 cyclistes (source). Etant suspendu, il ne portera pas de dossard, comme pour les autres cyclos à laquelles il prend part durant sa suspension.
Pour revenir à la Team Movistar, voici ce qu'Eusebio Unzue a déclaré à propos d'Alejandro :
"Il reste avec nous, bien sûr. La possibilité qu'il effectue son retour avant 2012 n'est de plus pas écartée - il y a des recours en marche."
Tout laisse donc à penser, pour le moment, qu'Alejandro ira à la Team Movistar en 2012 ! Voir même, donc, peut-être avant...
Unzue a ajouté que son "rêve était de réunir Valverde et Contador dans la même équipe en 2012, pour le retour d'Alejandro. Je reste sur ma faim mais je n'écarte pas de revenir à la charge en 2013 [lorsque Contador sera de nouveau libre]".