Elles ont rempli leur tâche : nous délivrer quelques enseignements sur l'état de forme des favoris, sans toutefois bousculer trop le classement général. Quelques secondes par-ci, samedi, quelques autres par-là, aujourd'hui dimanche : comme prévu, les Pyrénées n'ont pas changé la donne, et les favoris sont les même après ce premier massif du Tour d'Espagne 2008 - néanmoins, elles n'ont pas été inutiles.
Alberto Contador n'a pas failli dans son costume de grand favori de l'épreuve : samedi, il a été au-dessus de tous ses rivaux, mis à part Mosquera, et dimanche, seul Valverde et Anton lui ont résisté.
C'est lui qui, à chaque fois, a déterré la hâche de guerre entre les candidats à la victoire finale, avec trois accélérations (une samedi, deux dimanche), à chaque fois décisives. A chacunes de ses attaques, ses concurrents étaient condamnés à puiser dans leurs ressources pour pouvoir le suivre. Ou non. Samedi, Valverde a par exemple perdu presque une minute sur son compatriote - quant à aujourd'hui, ce fut au tour du 3e espagnol, Sastre, de peiner : il était à deux doigts de revenir, après la première attaque de Contador, sur ce dernier, mais dû se résoudre à perdre quelques secondes au final, lorsque le madrilène, voyant Sastre revenir, en rajouta une couche à 2.5 km du but.
Lors de chacun des deux finals, ce week-end, Contador a donc maitrisé son affaire, presque tranquillement - on a quand même pu vérifier à l'arrivée de l'étape de samedi, où l'espagnol arriva lessivé (comme tous les autres coureurs), qu'il était bien humain. Juste histoire de vérifier quel Alberto était Contador : celui du Tour 2007, ou celui du Giro 2008. Il est donc redescendu à un niveau acceptable, du moins plus qu'en Juillet de l'année dernière. On a pu le vérifier ce week-end, car il n'a en fait pas creusé de gros écarts. Son plus proche rival, Valverde (3e au général), ne compte que 49 secondes de retard sur Leipheimer, le nouveau porteur du maillot de oro ; Sastre (4e), moins d'une minute trente secondes ; Mosquera, qui étonne, est juste sous la barre des deux minutes ; Anton passe lui cette barre et accuse quand même 2'12 de retard, sachant toutefois qu'il en comptait 2'17" sur Leipheimer avant les Pyrénées - il a donc comblé son retard de 10 secondes.
Des écarts plus ou moins faibles, qui rappelent également que ces Pyrénées n'étaient pas très corsées. La suite sera bien plus difficile, et les écarts seront, sur l'Angliru notamment, normalement assez important. Rien n'est donc encore joué, même si Alberto Contador est, plus que jamais, le favori n°1 de ce Tour d'Espagne.
/// Dans la roue de Valverde
Tout compte fait, on ne sais toujours pas si Alejandro peut être en mesure de jouer le général. L'espagnol a quelques éléments en sa faveur : aujourd'hui, il a suivi facilement Contador, se payant même le luxe de battre au sprint son rival (et Anton, qui les avait rejoint) pour la 2e place, ce qui était somme toute assez facile pour lui (il sprint non seulement mieux que son concurrent, mais il faut dire également qu'il n'avait pas relayé durant le final Contador : Valverde avait donc encore un peu d'énergie) . Et hop, 12 secondes de bonifications, quatre de plus que Contador qui en prenant 8 pour la 3e place. Une consolation qui ne cache cependant pas le fait que Valverde n'ai pas gagné l'étape : s'il avait pu prendre des relais à Contador, ils auraient rattrapé Moncoutié, et Alejandro aurait très probablement remporté au sprint sa 2e victoire d'étape sur cette Vuelta...Un peu dommage donc - c'était une très belle occasion de gagner en montagne, devant Contador notamment (un remake de Courchevel 2005, puisque Contador aurait probablement remplacé Armstrong dans le rôle du second ?!) que Valverde a ratée, même s'il y en aura d'autres. Et surtout, s'il comme il le dit, il ne pouvait pas relayer Contador, il n'y a finalement pas tellement de regrets à avoir...
Le fait que Valverde ai pu suivre Contador ce dimanche est donc rassurant par rapport à sa contre-performance de la veille - le murcian est quand même le seul du peloton n'ayant jamais faibli aujourd'hui face à Contador (Anton n'a pas pu suivre le coureur d'Astana lorsqu'il a démarré, mais est revenu ensuite) : chapeau Alejandro ! Mais il faut relativiser : les pourcentages, sur cette 8e étape, n'étaient pas très important : plus faibles que sur la 7e étape...où Valverde n'était pas au mieux. Alors, cela voudrait donc dire qu'Alejandro n'est pas un grimpeur et n'est pas à l'aise sur les forts pourcentages ? (Mal)heureusement, ce n'est pas si facile : samedi, il pleuvait fort, il faisait froid, et Valverde n'est jamais à l'aise dans ces conditions -il a d'ailleurs déclaré avoir eu une fringale dans le final. Toute la question est donc de savoir si le mauvais temps est donc l'unique responsable de la contre-perf du coureur de la Caisse d'Epargne hier. Je prend le parti de penser que oui, car pour moi, dans le cas contraire (ce qui voudrait dire que c'est la cause du problème est la forme d'Alejandro), il n'aurait jamais pu tenir tête aujourd'hui à Contador -mais on ne sera (enfin, et définitivement) fixé que samedi prochain, après la terrible ascension du col de l'Angliru, prochaine (grosse) difficulté à laquelle les coureurs de la Vuelta se mesureront !
Réaction de Valverde après l'étape :
“J’ai totalement récupéré de la mauvaise journée que j’ai passé hier à cause de la fringale. J’avais un peu mal aux jambes en montant le premier col de la journée, mais ensuite je me suis senti vraiment très bien. Je me suis alimenté comme il le fallait et cela a été une étape complètement différente de celle d’hier. Dans Pla de Beret, lorsque je me trouvais avec Contador en train de chasser derrière le coureur français, je pouvais à peine prendre le relai car nous montions à 35 km/h et Contador, qui est le meilleur grimpeur du monde, m’a amené à la limite.
Aujourd’hui, nous avons passé une autre étape de montagne très importante et c’est vrai que je suis très bien placé au général mais les montagnes des Asturies sont encore à venir et cela va être une autre histoire, ce qui fait que je préfère continuer avec mon plan de courir au jour le jour dans ce Tour d’Espagne.”
Classement 8ème étape :
1. David Moncoutié (FRA, Cofidis) les 151 km en 4h24'58"
2. Alejandro Valverde (ESP, Caisse d'Epargne) à 34 sec.
3. Alberto Contador (ESP, Astana) m.t.
4. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
5. Joaquin Rodriguez (ESP, Caisse d'Epargne) à 39 sec.
6. Daniel Moreno (ESP, Caisse d'Epargne) m.t.
7. Oliver Zaugg (SUI, Gerolsteiner) m.t.
8. Levi Leipheimer (USA, Astana) m.t.
9. David Arroyo (ESP, Caisse d'Epargne) m.t.
10. Carlos Sastre (ESP, Team CSC-Saxo Bank) m.t.
Classement général :
1. Levi Leipheimer (USA, Astana) en 28h20'03"
2. Alberto Contador (ESP, Astana) à 21 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Caisse d'Epargne) à 49 sec.
4. Carlos Sastre (ESP, Team CSC-Saxo Bank) à 1'27"
5. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) à 1'59"
6. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 2'12"
7. Daniel Moreno (ESP, Caisse d'Epargne) à 2'23"
8. Jurgen Van Goolen (BEL, Team CSC-Saxo Bank) à 2'43"
9. Robert Gesink (PBS, Rabobank) à 3'11"
10. Marzio Bruseghin (ITA, Lampre) à 3'35"
A noter que demain, Valverde portera le maillot bleu du leader du classement par points (lien pour le voir avec le maillot, qu'il avait déjà porter il y a quelques jours).