Une poisse d'enfer pour Valverde et des Sky terrifiants : voilà les deux enseignements de cette étape dont l'arrivée à La Planche des Belles Filles a été extraordinaire. La conclusion ? Valverde doit laisser tomber le général pour cette année, et viser les victoires d'étape. Ca tombe bien, c'est aussi son avis.
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. La réaction à chaud d'Alejandro à l'arrivée, plus que compréhensible, est surtout normale : "C'est de la merde, le Tour ce n'est pas ma course. Alors que j'arrivais bien, une crevaison avant la dernière montée m'a tout faire perdre. J'ai toujours de la malchance sur le Tour". A la question : "Avez-vous envie de rentrer chez vous ?", il répond "oui", une réponse à mettre sous le compte de l'énervement, toutefois (lire ci-dessous sa phrase en gras).Ne pas être énervé aurait été presque étrange, sachant que le Murcian les accumule depuis le début de ce Tour : son prologue décevant, ses pépins lors des étapes de Seraing et de Boulogne-sur-mer qui l'ont empêché de jouer la gagne sur des arrivées qui lui correspondaient très bien, son étape de malheur hier avec deux chutes et une cassure lourde de conséquences pour son classement général...Et maintenant ça ! Une crevaison juste avant la montée finale, c'est vraiment le pompon. Au moins, c'est dans la suite logique de son début de Tour, marqué par une poisse sans nom.
Ce qu'il faut maintenant, c'est repartir sur d'autres bases. Arrêter cette fixette sur le général pour cette année. Se dire que le podium et même le top 5 est hors de portée, et se concentrer sur les victoires d'étapes. Alejandro a les moyens de sauver son Tour, j'en suis sûr (notez néanmoins que je dis "sauver", petite nuance par rapport au "réussir"...). Aujourd'hui, je ne pense pas qu'il aurait soutenu l'allure surhumaine des Sky (la dernière fois que j'ai pu des perfs d'un tel niveau, c'est Ricco et Piepoli en 2008). Lui pense que si : "J'avais de bonnes jambes, je ne sais pas si j'aurais pu battre Froome, mais je crois que j'aurais été avec Evans". On ne le saura pas, du moins pas avant plusieurs étapes. Mais Valverde est d'accord sur le point précédent : "Désormais, on va jouer les victoires d'étape et profiter de cette liberté." C'est cela que je voulais entendre !
Laisser tomber le général, oui c'est cela qu'il faut. Parce que la "poisse" à répétition d'Alejandro n'est pas qu'une question de malchance : elle est provoquée inconsciemment aussi par le coureur (ce n'est pas une coïncidence si c'est lui qui a crevé et non Wiggins, Evans ou Nibali, par exemple). Et je crois que la seule façon d'arrêter cette spirale négative, c'est de relâcher un peu la pression et de penser différemment. Valverde doit se faire plaisir, et c'est ainsi qu'il nous fera vibrer. Faire 8e ou 11e du général, franchement quelle importance ? Je ne sais pas ce que donnera l'étape de demain, mais ce dont je suis intimement convaincu, c'est que l'étape d'aujourd'hui a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, et qu'il ne peut plus continuer de la même façon. Alejandro doit aller au chrono de lundi en mode "cool". Son objectif désormais (à moins qu'il ne se sente de taille pour jouer la gagne demain) doit être de reprendre des forces en vue des deux étapes alpestres de mercredi et jeudi.
Valverde est énervé et ça se comprend ; mais rappelez-vous une chose : c'est parfois lorsqu'il a le plus de rage et de colère qu'il se montre le meilleur...
7e étape : 27e à 2'19" de Froome. Général : 35e à 4'50" de Wiggins