Et justement, cette grande forme, Valverde ne l’avait incontestablement pas. En difficulté dans le Keutenberg, à 13km de l’arrivée, l’espagnol ne put suivre le groupe des meilleurs, composé d’une grosse quinzaine de coureurs, lorsqu’il se créa alors. Tout comme une bonne partie des lâchés, Alejandro put rentrer sur le groupe (et venir se replacer parmi les premiers) à moins de 10km du but, groupe qui repris du même coup le terme de peloton. Trop tard. Etaient parti quelques secondes plus tôt trois outsiders, Gesink, Kroon et Ivanov, trois coureurs qui allaient finalement terminé respectivement 3e, 2e et…1er ! Le peloton, malgré le faible écart (il n’a jamais dépassé les 20 secondes), ne put les reprendre avant le Cauberg, et durant l’ascension, personne ne fut assez fort pour placer une accélération capable d’aller les chercher.
Alors, doit-on être déçu de la contre-performance de Valverde ? Franchement, sachant que ce n’est pas une surprise, pas vraiment - en tout cas, moins que les supporters de Gilbert et de Cunego (respectivement 4e ou 5e, soit les premiers du peloton), qui, eux, peuvent nourrir des regrets. Si ces deux là avaient en mesure de reprendre les trois fuyards, c’étaient en effet eux qui se disputaient la gagne. Alejandro, coureurs devant ou pas, n’auraient de toute façon pas pu gagner. Le murcian termine, certes dans le peloton, mais à la dernière place du groupe : 21e. L’espagnol n’avait pas d’assez bonnes jambes ; on n’a donc pas à être déçu que les trois coureurs échappés n’ai pas été repris : s’il avait été aussi bien que Cunego et Gilbert, là on aurait pu être déçu, puisqu’il aurait raté de peu une belle victoire. Mais là, échappés repris ou pas, Valverde n’aurait pas pu gagner. Paradoxalement, ce sont donc ceux qui étaient le plus en forme qui doivent être déçus.
Il n’empêche, ça fait déjà 1 classique sur 3 de passée, et de ratée (même sans victoire, je me serais satisfait d’un podium d’Alejandro à l’Amstel). Restent donc la Flèche Wallonne et Liège/Bastogne/Liège. Pour la première, je crois qu’il ne faut pas y penser : pour gagner à Huy, il faut être très frais, avoir de très bonnes jambes. Valverde a certes beau être un des meilleurs puncheurs du monde et avoir déjà gagné la course (en 2006), s’il n’a pas eu la préparation adaptée pour les ardennaises, il ne peut gagner la Flèche. Le redoutable Mur de Huy laisse peu de place au hasard et à la tactique : très souvent, le meilleur l’emporte ! Le leader de la Caisse d’Epargne devrait donc être J.Rodriguez, qui s’est spécialement préparé aux classiques et qui, on s’en souvient, avait dompté la très difficile côte de Montelupone sur le dernier Tirreno, un « raidard » avec des passages à plus de 22% qui n’est pas sans ressembler au Mur de Huy. Néanmoins, Rodriguez n’était pas du tout dans le coup dans le Cauberg (43e à 3'09"), alors qui sait, peut-être lui et Valverde seront-ils sur le même pied d’égalité mercredi…
Ne restera ensuite que Liège/Bastogne/Liège, dimanche. La plus belle des trois. Comme Tom Boonen sur le dernier Paris/Roubaix, Valverde arrivera au départ avec l’intention de faire la passe de trois, après ses deux victoires en 2006 et en 2008. C’est certain, il n’aura pas la même forme que lors de ses deux succès. Mais qui sait, cette course lui réussit tellement bien… ?! Et puis, il sera sûrement en meilleur condition que lors de l’Amstel, puisqu’il aura accumulé des kilomètres, ce qui ne sera pas forcément le cas de ses rivaux, qui pour certains courent depuis assez longtemps. Son plus grand adversaire sera Damiano Cunego, qui a fait de Liège son objectif, plus encore que l’Amstel. L’italien sera difficile à battre, à moins d’un sprint avec Valverde…F.Schleck est out (grosse chute sur l’Amstel qui a conduit à une commotion cérébrale), S.Sanchez n’était pas au top dans le Cauberg (14e), Rebellin parait trop vieux pour espérer la victoire…reste A.Schleck, peut-être quand même un peu jeune, et surtout Gilbert, le meilleur des favoris à l’Amstel (sans compter les trois de devant), qui pourrait bien surprendre dans les côtes de la Redoute ou de Ans. L’an passé, le trio gagnant avait été espagnol (Valverde), luxembourgeois (F.Schleck) et italien (Rebellin). Cette année, il pourrait être italien (Cunego), espagnol (Valverde) et belge (Gilbert) ; mais dans quel ordre ?
Classement :
1. Serguei Ivanov (RUS, Team Katusha) les 258,6 km en 6h38'31" (38,8 km/h)
2. Karsten Kroon (PBS, Team Saxo Bank) m.t.
3. Robert Gesink (PBS, Rabobank) à 8 sec.
4. Philippe Gilbert (BEL, Silence-Lotto) m.t.
5. Damiano Cunego (ITA, Lampre-NGC) m.t.
6. Alexandr Kolobnev (RUS, Team Saxo Bank) m.t.
7. Simon Gerrans (AUS, Cervélo TestTeam) m.t.
8. Nick Nuyens (BEL, Rabobank) m.t.
9. Christian Pfannberger (AUT, Team Katusha) m.t.
10. Andy Schleck (LUX, Team Saxo Bank) m.t.
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21. Alejandro Valverde (ESP, Caisse d'Epargne) m.t.
Déclaration de Valverde :
"Je ne me suis pas senti mal du tout durant la course, au contraire, mais dans le final si ; j'ai payé pour le peu de compétition que j'ai dans les jambes et pour la longue distance de la course, supérieure à 250km. L'Amstel est une course que j'aimerai gagner un jour, car je ne l'ai pas encore dans mon palmarès mais chaque année la même chose se répète plus ou moins, j'arrive ici un peu juste. Des trois classiques, c'est la plus compliqué pour moi. Dans le Keutenberg, j'étais un peu lâché derrière et nous avons dû faire un très grand effort pour pouvoir rentrer. Le final a été difficile et dans l'ascension finale je n'avais pas les jambes pour tenter de faire ce que j'aurai voulu. Je suis tout de même satisfait d'être arriver avec les meilleurs et cela est de bonne augure avant la Flèche Wallonne et Liège/Bastogne/Liège. J'espère aller de mieux en mieux au fil de la semaine."